top of page

Les artistes, les poètes et les cinéastes de la Haute Voix, au nombre desquels j’ai toujours rangé Martine, ne peuvent se fier qu’à eux-mêmes, car ils sont leurs propres débiteurs, leurs pilotes au milieu du paysage qui moutonne et se dérobe. Imbus de volonté, l’intuition agressive ou bien timide, mais quel autre recours possible ? D’où viendraient l’arôme, le feu, la saveur ? Car il existe en chacun de nous un projet faramineux, presque indécent, mais incontournable : plagier sans voir, voir sans plagier.

Le flou et la distance, mais gauche et droite de l’imagination, sont là pour brouiller la brutalité du monde ; sinon, impossible de civiliser. Mais aussi, en contrechant, l’appréhension à désigner, à confondre l’intense et le grouillant. Car voyez-vous, la modestie véritable n’avance que dans la peine, mais toujours précédée d’une clarté que l’oubli ne peut supporter.

Martine ? Faisons-lui hommage de s’en tenir aux limites, déjà larges, du rêve, comme moyen de résistance au déraisonnable qui parcourt et pollue les canaux humains de notre époque. Pour elle, l’art n’est pas seulement cet orage qui éclate à la fin de la sieste, mais la preuve de tout respect amoureux.

Thierry Delhourme in "Les Friches de l'Art" n° 44, 2016, extrait

bottom of page